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John Graham espère être jugé au Canada
Marie-Hélène Comeau
 

Une tragédie qui remonte à près de 30 ans a récemment refait surface. Elle implique de vieilles histoires de complots, d’agents du FBI et d’activistes amérindiens. En décembre 2003, John Graham, membre de la Première nation Champagne Aishihik de Haines Junction, au Yukon a été arrêté ç Vancouver. Il a dû passer six semaines derrière les barreaux à Vancouver, soupçonné d’être impliqué dans le désormais célèbre meurtre d’Anna Mae Pictou-Aquash, survenu en 1976 aux États-Unis. Malgré sa remise en liberté conditionnelle, John Graham risque toujours de se faire expatrier pour être jugé par la Cour amé ricaine.


Photo : Comité pour la défense de John Graham

John Graham étreint sa fille Chusia à sa sortie de prison èa Vancouver le 16 janvier.

Un scénario que ses nombreux supporters yukonnais veulent éviter à tout prix, craignant pour sa vie et doutant de l’honnêteté avec laquelle il serait jugé.

John Graham avait 20 ans lorsque, en février 1975, son amie Anna Mae Pictou- Aquash, de la Première nation Mic Mac de la Nouvelle Écosse, a été retrouvée sans vie dans la réserve amérindienne de Pine Ridge, dans le sud du Dakota. Le corps de cette dernière gisait inerte dans la neige, une balle logée dans la tête.

John et Anna Mae s’étaient connus lorsqu’ils luttaient pour le mouvement de revendication amérindien contre le gouvernement des États-Unis American Indian Movement (AIM). Leur lutte s’était intensifiée lorsque le chef du mouvement, le Canadien Léonard Pelletier, avait été soupçonné responsable du meurtre de deux agents du Federal Bureau of Investigation mieux connu sous le nom de FBI. Ces agent avaient perdu la vie dans la réserve amérindienne Pine Ridge le 26 juin 1975, soit six mois avant la dé couverte du cadavre d’Anna Mae Pictou-Aquash.

Ces deux événements sont survenus à une époque sombre de l’histoire autochtone des États-Unis, où plusieurs opérations anti-amérindiennes étaient orchestrées par le FBI.

« Il y avait des tensions à cette époque parmi les Autochtones de la réserve amérindienne Pine Ridge », explique Matthiew Lien , président du comité pour la défense de John Graham (John Graham Defense Commitee). Il y avait les Autochtones de la culture traditionnelle et ceux qui désiraient travailler de concert avec le gouvernement américain et souhaitaient exploiter les ressources naturelles de la réserve. »

Anna Mae Pictou-Aquash aurait subi, après la mort des deux agents, d’énormes pressions, voire même des menaces de mort. Le FBI désirait qu’elle témoigne contre le chef de l’AMI pour convaincre le Canada d’expulser ce dernier afin qu’il puisse être jugé aux États-Unis.

Craignant trop pour sa vie, Anna Mae aurait demandé en décembre 1975 à John Graham et à Arlo Looking Cloud de l’escorter jusqu’à la réserve de Pine Ridge où elle dé sirait se réfugier.

« John et Arlo l’on reconduite sur les lieux. Ils l’ont vue entrer dans une maison et en ressortir pour les rassurer qu’elle maîtrisait la situation. Ce fut la dernière fois que John a vu Anna Mae vivante.

Au cours des semaines suivantes, il était occupé à aider des Autochtones qui dé siraient fuir les États-Unis craignant trop pour leur vie. On parle souvent des deux agents du FBI qui ont trouvé la mort à cette époque, mais il faut aussi se rappeler qu’une centaine d’Amérindiens ont également perdu la vie sous le couperet du gouvernement américain », souligne Matthiew Lien.

C’est après la découverte du corps d’Anna Mae, soit au mois de février suivant, que le gouvernement canadien a finalement accepté de remettre le destin de Léonard Pelletier entre les mains du gouvernement américain. Le décès d’Anna Mae n’a, quant à lui, fait l’objet d’aucune enquête.

Par la suite, malgré les preuves innocentant l’ancien chef de l’AMI, et malgré les pressions exercées par Amnistie internationale pour le libérer, Léonard Pelletier continue toujours de purger sa double peine d’emprisonnement à vie aux É tats-Unis. Le gouvernement américain refuse toujours de rouvrir le dossier.

Aujourd’hui, soit 28 ans après ces sombres événements, John Graham se retrouve devaint un scénario similaire à celui de M. Pelletier. Il fait face à la menace d’expatriation.

Cette fois, Arlo Looking Cloud serait prêt à témoigner qu’il a vu John Graham violer et tuer Anna Mae parce qu’il l’aurait soupçonnée d’avoir trahi les siens en donnant des renseignements au gouvernement américain.

« Je suis en contact avec le famille d’Arlo. Ils sont tous en état de choc. Ils ignorent d’où vient cette information et affirment qu’Arlo n’a jamais porté d’accusation contre John Graham. Tout ceci est très louche, on craint une fois de plus que le FBI n’ait exercé des pressions sur leur nouveau t émoin », souligne le président du comité pour la défense de John Graham. Ce comité a été mis sur pied quelques jours après l’arrestation du Yukonnais.

Ces nouvelles accusations font également écho à celles propagées par les représentants de la famille d’Anna Mae, qui pointe du doigt John Graham.« John Graham ne craint pas de comparaître au tribunal puisqu’il n’a rien à se reprocher. Il voudrait toutefois que le procès soit fait au Canada. Nous craignons tous que les dés soient truqués, advenant un procès aux États-Unis. Les filles d’Anna Mae ne devraient donc pas voir notre démarche comme une tentative de fuite, mais plutôt comme une tentative de lever enfin le voile sur tous les mystères entourant les événements de 1975 », affirme Matthiew Lien.

Amnistie internationale qui est restée neutre jusqu’ici, voit également d’un mauvais oeil l’expédition rapide de ce dossier. Elle urge le gouvernement canadien de scruter à la loupe toutes les preuves déposées contre John Graham avant de prendre une décision. Amnistie internationale a d’autre part jugé sévèrement l’attitude du FBI dans le processus d’expatriation de Lé onard Pelletier, au cours duquel de fausses preuves ont sciemment été utilisées. Le contexte politique canadien est pour l’ instant favorable pour que John Graham demeure au Canada, mais les prochaines élections pourraient bien changer les cartes.